JEAN-MARIE VARLIAUD
NOTRE ADN, C’EST LA TERRE
C’est à Agris, petite commune située au coeur de la campagne Charentaise, qu’il faut aller chercher les premiers pas de Jean-Marie Varliaud au contact de la terre et des chevaux. Nous sommes dans les années 50, et dans la petite exploitation familiale, pas une journée ne se passe sans que le jeune garçon et son frère n’accompagnent leur père, pour l’aider aux travaux de la ferme. Ici, pas de tracteur, mais Papillon, un trait breton, solide et fidèle allié de chaque instant. C’est à ses côtés, avec ou sans charrette, que tous partaient aux champs, à la période des labours et des semis. S’il appréciait déjà la beauté de ces paysages préservés, et les parfums enivrants que la nature lui offrait, c’est pourtant avec une impatience pudiquement dissimulée que Jean-Marie attendait la fin de la journée. Sur le chemin du retour, il savait que c’est à dos de cheval que son père l’autoriserait à rentrer … le plus beau des cadeaux dans ses souvenirs d’enfant.
Mais la structure est petite, presque rudimentaire, n’offrant que peu d’espoir de vivre nombreux de ses activités. L’enfant a grandi, pour devenir un jeune adolescent, et c’est à quatorze ans que Jean-Marie quitte la ferme familiale, et cette terre qu’il aime tant, pour aller travailler. Son CAP de charcutier en poche, il n’a qu’une seule envie, bâtir quelque chose qui lui ressemble. A vingt-quatre ans, il crée sa première société dans l’agro-alimentaire, puis une seconde, quelques années plus tard. Son métier lui offre la chance de voyager, souvent. L’Irlande, l’Angleterre et l’Ecosse tout d’abord, puis l’Allemagne, les Etats-Unis, le Canada, l’Argentine, l’Australie, la Nouvelle-Zélande… Passionné, exigeant, et travailleur acharné, Jean-Marie emploiera finalement une trentaine de salariés, et apprendra même l’anglais à l’âge de quarante ans, aux cours du soir, pour les nécessités de son entreprise, qu’il a installée tout près de la ferme familiale, reprise depuis par son frère aîné. Chaque matin, il se lève à quatre heure, pour aborder une longue journée de travail, et depuis quelques temps, porté par le souvenir indélébile de ses chevauchées enfantines, il s’offre le plaisir d’aller monter à cheval, dans le centre équestre voisin.
Mais l’appel de la terre est toujours profondément ancré. Aussi, lorsque l’opportunité d’acheter cet ancien domaine de chasse se présente, Jean-Marie a le sentiment profond d’un véritable retour aux sources. Certes, les soixante-dix-huit hectares sont en friches, et la gestion de son entreprise demande du temps et de l’énergie, mais il peut compter sur son fils. Comme lui, il a hérité de la passion des chevaux. Comme lui, il sait le sens du sacrifice et la valeur du travail. Des armes suffisantes à ses yeux pour lui faire confiance et le laisser pleinement s’exprimer, dans le seul but d’atteindre cet objectif commun, auquel il aura donné la première impulsion.
Texte Thomas Millot, Photos Collection Privée